L’évènement The Bridge est à J-30

L’entreprise de demain ? Quelles formes d’organisation ?   Quels types d’acteurs et avec quelles finalités ?

Autant de questions pour lesquelles, que nous mettions le curseur à 3, 5 ou 15 ans, la recherche de réponses se révèle être d’une difficulté consternante. La question n’est pas de savoir s’il y aura encore du travail pour tous. Elle est de donner un visage aux organisations humaines qui rendront la collaboration encore possible dans un environnement dominé demain par l’intelligence artificielle.

Prospective à horizon 2030

L’ICF tenait le 13 mai dernier son forum du printemps sur « l’avenir du travail et les grandes évolutions du monde professionnel d’ici 2030 ». Nous étions en plein dans le sujet qui alimentera les discussions entre entrepreneurs et dirigeants à bord du Queen Mary II qui embarqueront à partir du 23 juin, dans le cadre d’un évènement unique : The Bridge 2017

 

Voici des extraits de quelques points de vue saillants.

 

Le point de vue du philosophe

Pour le philosophe André COMTE-SPONVILLE, le changement ne peut se penser que par rapport à quelque chose qui reste soi-même. Ce qui revient à dire que le travail a été, est et restera toujours pareil à lui-même : une activité intrinsèquement pénible (au sens source de fatigue physique et/ou psychique) et dont la baisse régulière du temps consacré peut être logiquement considérée comme une bonne chose. Comme le soulignait déjà Aristote, le travail tend au repos et non l’inverse. Moins de travail, c’est plus de temps pour les loisirs, la culture, l’éducation. Mais cela reste vrai à une condition essentielle : que la réduction correspondante ne remette pas en cause le niveau de vie. Ou, en d’autres termes que la productivité horaire permette à minima de produire la même richesse. Or, les inégalités socio-économiques croissantes que nous observons, montre que ce lien n’est pas automatique et que des pans entiers de population ont certes, beaucoup de temps libre, mais pas de revenus en face pour vivre normalement. Première difficulté : comment à minima maintenir le niveau de richesses produites aujourd’hui dans un contexte de pression démographique qui va se maintenir au moins pour 30 ans encore. Une éternité à notre niveau.

La crainte des économistes

Certains économistes expriment la crainte généralisée d’une fin du travail avec une logique de substitution de main d’œuvre par des outils numériques intelligents. Ce n’est pas le cas de l’économiste et fondateur d’un cabinet de prospectives économiques et financières,  Pierre SABATIER, qui remarque que les pays les plus robotisés (Allemagne et Japon) ont des taux de chômage bien inférieurs à la France. Il y a bien effet de substitution par création de nouveaux métiers et services mais il souligne que les emplois qui restent sont, ou bien très chers (experts), ou bien à des salaires très bas (services à faible valeur marchande vs haute valeur sociale). D’où l’émergence de tensions et de conflits structurels entre ceux qui empochent tout (« Winner takes it all ») et ceux qui survivent (« losers »). C’est le deuxième accroc dans la pensée du travail de demain.

La rupture technologique

Le bouleversement technologique est le 3e axe de la réflexion. Il faut écouter des experts en innovation comme, Nils AZIOSMANOFF fondateur du Centre de création numérique le Cube, pour prendre la mesure de l’accélération prodigieuse des progrès de la technoscience. Nous allons à toute vitesse vers des machines autonomes, emphatiques, auto conscientes et auto apprenantes. Vouloir rivaliser avec de telles puissances de calcul est perdu d’avance, sauf à se transformer soi-même en cyborg en suivant les rêves les plus fous des transhumanistes. Ce serait alors la fin de l’humanité telle que nous la connaissons (6e extinction de masse ?).

Toujours plus d’incertitudes

Nous comprenons en définitive que, si chacun tente à sa manière de donner un éclairage sur la question du lien au travail qui prévaudra à l’avenir, personne n’est en mesure d’en dresser un portrait clair. Et c’est sans doute une bonne chose. Rien de plus dangereux que des certitudes absolues. En réalité, nous prenons conscience que nous allons devoir forger une nouvelle représentation de notre rapport aux autres. Un monde où nous travaillerons dans le « tous pour tous » (Pascale LUCIANI, PDG de NEOXPECTIVE et membre du Conseil National du Numérique), selon un « altruisme rationnel » (Jacques ATTALI) qui réinvente en permanence la spécificité de l’humain. Nous mesurons bien la complexité, le flou de ces concepts. Il va nous falloir un beau mélange de pragmatisme, d’audace, d’agilité et la créativité car les solutions de demain ne sont pas encore pensées. Bonne nouvelle : nous prenons le grand large à bord du QM II pour en débattre bientôt. Rendez-vous au lounge !