Trois propositions pour chasser les peurs en 2013

 

Et si nous profitions du changement d’année pour ancrer de nouvelles résolutions, résolument POSITIVES ? Par exemple en décidant d’arrêter de nous faire peur comme nous en avons eu tant d’exemples dans l’année 2012.

Entre cataclysme financier, économique ou social nous n’avons eu que l’embarras du choix dans l’actualité. Elle reflète incontestablement un mal être du corps social qui s’est cristallisé sur des sujets récurrents : échec du système éducatif, impasse de la politique de l’Euro fort, peurs multiples dérivées de l’accident nucléaire de Fukushima et du cataclysme climatique à venir,… La liste est longue et connue avec « cerise sur le gâteau » la promesse d’une fin du monde pour le 21 décembre, dans la plus pure tradition millénariste.

Cette ambiance gloom & doom [2], a trouvé inévitablement un corollaire dans le domaine de la gestion des ressources humaines et des pratiques managériales. En période d’incertitudes fortes, il est fréquent de voir des attitudes autoritaires émerger et rassurer alors qu’elles contribuent à enfermer l’agir dans un schéma de pensée monolithique (on parlera d’idéologie en politique). C’est précisément ce qui s’est passé sur plusieurs thématiques industrielles qui ont donné lieu à des joutes orales contribuant à renforcer une caractéristique indélébile de notre pays : le dualisme. Ce « nous » contre « eux » a alimenté les rêves les plus fous de « Grand Soir », de révolution copernicienne permettant de régler une fois pour toute la source des frustrations. Or dans notre monde complexe et multiforme, ce type d’attitude ne conduit qu’à une surenchère en termes de violence. Elle est donc à proscrire.

Si nous choisissons comme contre posture celle consistant à regarder ce qui s’est réellement passé, nous découvrons d’autres paradigmes de fonctionnement. Faisons l’inventaire de trois sujets symptomatiques des débats de 2012.

La crainte du défaut de la Grèce et de sa sortie de l’Euro. Une recherche rapide sur Google nous donne plusieurs milliers d’articles[3] analysant le risque de défaut de paiement de la Grèce. Pourtant, envers et contre tout, nous devons reconnaître qu’à la fin de 2012, c’est bien la volonté de garder le pays dans la zone économique qui a prévalue.

Certes le nouveau modèle économique du pays n’est pas encore trouvé mais le principe de la solidarité a gagné et nous avons là un bel exemple de persévérance et de foi dans un avenir commun que nous pouvons reprendre avantageusement dans le cadre de nos relations professionnelles et ou personnelles.

Le principe réalité qui s’impose sur le plan économique. Le bras de fer entre l’Etat et Arcelor Mittal autour du maintien de l’emploi des salariés de Florange n’a heureusement pas débouché sur une énième forme d’interventionnisme étatique (nationalisation) ; prenant acte d’une réalité économique (un marché mondial de l’acier sur-capacitaire de 25% et un outil opérant sur un modèle économique dépassé), la décision finale retenue va dans le bon sens compte tenu des finances de notre pays(surendettement) et des modèles de croissances (orientés plutôt vers l’iconomie[4] que l’industrie lourde). L’initiative gouvernementale n’a pas été vaine pour autant : d’un point de vue « méta » elle a, avec succès, permis d’interpeller la direction d’Arcelor Mittal sur sa responsabilité sociale d’entreprise. Chacun est appelé ainsi à honorer les fonctions qui sont les siennes, dirigeants comme salariés. On opposera à ce résultat les incertitudes encore nombreuses sur le reclassement effectif des salariés et la transformation du site. Mais à minima, une fuite en avant catastrophique du point de vue financier et social a été évitée.

L’effondrement de la compétitivité[5] du pays. Dans le contexte de mondialisation et de forte concurrence sur les coûts, le recul de la part de l’économie française dans le monde et surtout le décrochage avec l’Allemagne sont régulièrement analysés et commentés. Une lecture suivie de l’actualité économique nous renvoie pourtant bien d’autres messages réconfortant sur la capacité d’innovation en produits et services de niches de nos entrepreneurs.

pacte pour la compétitivité

Notre pays est riche de sa démographie (la population a augmenté de 1,4 millions entre 2006 et 2010, soit une croissance deux fois plus élevée que la moyenne européenne[6]) et de sa culture scientifique la plaçant souvent en pointe sur certains créneaux technologiques (robotique, domotique, énergies nouvelles, santé,…). Thomson Reuters a publié en décembre sa liste des 100 organisations les plus innovantes en 2012[7] : la France est en 3e position avec 13 entreprises et/ou organismes de recherche contre 11 en 2011. Et cette liste ne reprend pas toutes les TPE et PME qui travaillent dans l’anonymat. L’enjeu ici est celui de la confiance : confiance dans la capacité des hommes et femmes de notre pays à travailler en équipe pour développer des produits et services qui feront la différence.

Nous avons là trois exemples que nous pouvons reprendre pour formuler nos vœux pour 2013 : foi dans la résolution des problèmes par le dialogue, responsabilités assumées dans l’exercice de nos missions et confiance dans les équipes confrontées à la complexité du faire. Et si, de surcroît, nous y croyons et en témoignons autour de nous, le « loup » pourrait bien en 2013 être sérieusement envoyé au placard !

Très bonne année à tous.


[2] « gloom and doom » littéralement « tristesse » et « perte » en anglais- plus spécifiquement « catastrophisme »

[3] 68 000 articles de moins d’un an à partir des mots clés « défaut de paiement de la Grèce »

[4]« La troisième révolution industrielle, apportée par l’informatique et l’Internet, bouleverse depuis 1975 le système productif et fait émerger une « iconomie » en transformant la nature des produits, la façon de produire et de commercialiser, les compétences, les organisations, la structure du marché, la forme de la concurrence et l’attitude des consommateurs. Les tâches répétitives physiques et mentales sont automatisées, chaque produit est un assemblage de biens et de services élaboré par un réseau de partenaires et la cohésion de cet assemblage est assurée par un système d’information ». Michel Wolle in article dans les Echos du 13 décembre 2012

 [5] La définition adoptée pour la compétitivité est celle retenue par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) : « La compétitivité est la capacité de la France à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants, et à leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale, dans un environnement de qualité. Elle peut s’apprécier par l’aptitude des territoires à maintenir et à attirer les activités, et par celle des entreprises à faire face à leurs concurrentes. »

[6] Les Echos 31 décembre 2012 – Elsa Freyssenet in «  La population française s’est accrue de 1,4 million de personnes en quatre ans » 

 [7] Les Echos 5 décembre 2012 – Benoit Georges in « La France numéro 3 mondial de l’innovation »