Didier Pitelet fait partie de ses rares personnes qui ont le don de l’ubiquité, à savoir cette capacité étonnante à savoir opérer sur deux champs distincts en même temps. En l’occurrence, il sait être à la fois un chef d’entreprise talentueux et un essayiste confirmé. Après le Prix de la confiance, publié en 2013, il réitère avec son Pari de la culture. Savoir rendre compte de ce que nous vivons comme changements dans le temps présent du point de vue de la culture d’entreprise, nécessite une prise de recul et une lucidité d’esprit pour faire le tri dans le foisonnement d’idées qui nous entourent. La légitimité de l’ouvrage tient bien sûr à son expérience d’entrepreneur spécialisé en culture d’entreprise et communication corporate. Mais, ce qu’il écrit s’inspire aussi de convictions profondes nourries de sa propre culture et de son expérience de terrain avec ses clients.
À rebours du phénomène mondial de globalisation qui voudrait que l’on duplique partout un même mode de pensée des organisations, son ouvrage est un cri d’appel à la diversité et à l’originalité. Et cela fait du bien.
L’entreprise, nous dit-il, est traversée par des lames de fond qui s’appellent, entre autres, digitalisation, hyper connexion, transformation de l’organisation du travail. L’impact des nouveaux outils et des nouvelles visions du travail sur les relations interpersonnelles en entreprise est considérable. Il dessine les contours d’une autre forme de lien social qui ne saurait avoir d’avenir sans culture. C’est l’idée centrale de l’ouvrage.
D’où la question de la manière avec laquelle cette culture pourra prendre forme. La conviction de Didier Pitelet est qu’elle ne s’inventera pas à partir du seul projet d’entreprise, aussi cohérent soit-il. La culture repose, comme la connaissance de soi, sur le soin que l’on prend à se poser de bonnes questions et à chercher à plusieurs des réponses. Dans le cas de l’entreprise, il cite 4 questions clés :
- En quoi l’entreprise croit-elle ?
- À quoi sert-elle ?
- En quoi entend-t-elle être meilleur ?
- Quel sens donne-t-elle à l’existence ?
Dire en quoi l’entreprise croit, n’est-ce pas non seulement énoncer des valeurs mais aussi expliciter ce pour qui elle travaille ou au nom de quel principe. ?
Définir ce à quoi sert l’entreprise, n’est-ce pas lui donner une légitimité à porter une parole en interne comme en externe sur son marché et par conséquence à assumer également une responsabilité sociale ?
Une entreprise qui entend être leader, n’est-ce pas une entreprise qui cherche sans cesse à faire mieux, qui ne se satisfait jamais d’un résultat aussi bon soit-il et qui peut revendiquer avec fierté son histoire et son projet ?
Une entreprise qui sait donner du sens à l’existence n’est-elle pas une entreprise qui réconcilie le besoin de reconnaissance avec le désir d’épanouissement et qui offre un « bonus émotionnel » qui la distingue des autres ?
Grâce à ce petit éloge de la culture d’entreprise, nous pouvons mieux comprendre ce qui contribue à l’émergence d’une culture d’entreprise. Le modèle proposé par ces entreprises évolutives qui construisent leur avenir avec leurs collaborateurs, semble être de penser l’organisation comme un système vivant. Dans un tel schéma de représentation, la culture d’entreprise est alors le reflet des mentalités, des comportements et des structures, processus et pratiques organisationnels. C’est donc dans leur capacité à s’affranchir ou à remettre en cause les règles et normes existantes que leurs dirigeants peuvent laisser émerger des pratiques et des manières de vivre nouvelles qui soient en harmonie avec le contexte et la mission de leur organisation. Et c’est à ce titre qu’elles seront reconnues et valorisées par tous ceux qui ont pour mission de les porter.
Finalement, est-ce que la seule chose vraiment importante pour les dirigeants ne serait pas de créer et gérer une culture ?